Nombreux sont les Québécois qui connaissent les pierres des fées mais peu savent vraiment de quoi il en retourne...
Lors d’un précédent voyage au Québec, on nous en avait montré une et nous l’avions trouvé superbe. C’était un gars qui vivait dans le grand nord et qui avait été colocataire avec un descendant de colon de l’Abitibi (dont les premières fermes ne datent que des années 1930 !)
Nous nous étions promis il y a un an donc de tenter d’en découvrir in situ. Nous voilà donc en route vers cette région à plusieurs heures de voitures au nord de Montréal, bien au-delà des Laurentides et de la réserve faunique de la Verendrye.
Nous profitons de ce voyage pour rencontrer des succursales de la SAQ (société des alcools du Québec), entre autres celle de Val d’Or, grosse bourgade économique de l’Abitibi avec Rouyn Noranda et Amos. Les conseillers en vins ou les gérants de magasins bien achalandés nous confirment qu’ils ne rencontrent pas souvent de vignerons dans leur région isolée.
Dans cette contrée, on ne parle que des mines (cuivre, or etc) et de l’industrie papier (forêts d’épinettes et autres résineux à l’infini), le tourisme est encore à l’état embryonnaire. La ville d’Amos commence aussi à se faire connaître grâce peut être à la meilleure eau souterraine du monde. Cette ressource hydrique unique provient des esquer, réservoir vestiges des immenses glaciers qui recouvraient ce lieu il y a quelques milliers d’années. En effet, l’eau du robinet de la ville d’Amos est réellement la meilleure jamais bue par manu et moi ! (pour son goût, sa minéralité, sa pureté et surtout son énergie).
Pour en revenir à nos fées, il a donc fallu un matin de bonne heure, charger la voiture d’un canöé pour aller après encore quelques heures de cheminement chercher sur un lac magnifique les rives magiques qui président à la naissance géologique des pierres de fées.
Il nous a fallu éviter de justesse un petit ours brun qui avait décidé de traverser devant nous la route qui longe la grande faille géologique de l’Abitibi qui a permis l’exploitation de nombreux filons miniers.
Heureusement, une fois sur place, que nous avions pu être guidé par cet ami d’ami, qui avait reçu de son grand père (un des premiers colons dudit lac) les secrets des lieux d’apparition de ces petites pierres qui selon lui sont des vrais porte bonheur.
Il fallait que le niveau du lac soit assez bas (donc après une période peu ou pas pluvieuse).
Des trois lieux connus, un seul nous a été révélé… Après plusieurs heures de recherche dans la glaise (argile calcaire), en veillant à ne pas se blesser dans la vase et à ne pas se faire brûler par le soleil puissant de l’Abitibi (à ces latitudes et lorsque le ciel est très dégagé, les UV sont particulièrement redoutables surtout avec la réverbération du lac), nous avons pu nous émerveiller devant cette beauté de la nature.
Heureusement, les moustiques, mouches noires, maringouins et autres insectes piqueurs et voraces n’étaient pas trop nombreux en cette fin d’été et à cette heure-ci (le soir venu, c’est un véritable combat qu’il faut mener contre ce fléau surtout si l’on s’avise de dîner en plein air).
Voilà pour ce petit moment de partage… Ma formation de géologue a repris un instant le dessus sur ma vocation oenophile. Ces petites fées de pierre m’accompagnent aujourd’hui vers notre retour sur la France. Elles m’accompagnent aussi dans mes souvenirs d’étudiant à l’institut de géodynamique de Bordeaux en 1988, ou je me régalais des heures durant devant les vitrines de fossiles, minerais, cristaux et autres curiosités de la nature ramenées au labo par des générations de géologues aventuriers des quatre coins du monde et probablement d’Abitibi, non ?.